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Récit de pèlerinage

Un pèlerinage en canot a eu lieu cet été à l'initiative des jeunes jésuites du Canada. L'idée initiale était de refaire 50 ans plus tard un exploit que 24 jésuites avaient réalisé en reliant le sanctuaire des Saints-Martyrs-Canadiens (situé à Midland) au site de l'Expo 67 de Montréal par la route d'eau des voyageurs. Cette fois, le projet a été orienté dès le départ sous le thème de la réconciliation, en y impliquant des autochtones de plusieurs nations, répondant ainsi à l'appel à l'action lancé par la Commission Vérité et Réconciliation sur les pensionnats autochtones. Dès le début du projet, Jean-Marc Biron s.j., provincial des jésuites du Canada français, a invité la CVX à y participer de la manière qui lui convenait.

J'ai pu participer à ce pèlerinage, du moins à la première partie du voyage. Le rendez-vous était à Midland trois jours avant le départ. Nous étions là une cinquantaine de participants de tous âges, avec des habiletés nautiques très variées. Plusieurs canoteurs aguerris nous ont entraînés, et ont formé les équipages de six pagayeurs. Le 20 juillet, après une célébration eucharistique à l'église du sanctuaire présidée par Peter Bisson s.j. et l'offrande du tabac au bord du lac Huron par Sr Eva Solomon, nous sommes partis à travers la baie Georgienne. Après trois jours, un groupe de jeunes étudiants de deux écoles jésuites de Saint-Louis (Missouri) nous a quittés et nous sommes passés de huit à cinq canots. La baie Georgienne est une partie des Grands Lacs, donc il n'y a pas de courant mais il peut y avoir des vents forts. De magnifiques journées ensoleillées d'un calme plat ont alterné avec des journées venteuses où les embarcations étaient ballotées par les vagues. La dernière journée dans la baie a même été si venteuse que nous avons dû accoster sur une île et demander du secours. Nous étions soulagés d'arriver à la rivière des Français qui pourtant nous préparait de nouveaux défis. Cette rivière coule au travers d'une multitudes d'îles et comporte plusieurs rapides. Une famille d'autochtones de l'île Manitoulin, expérimentée en canot, s'est justement jointe à nous et nous a enseigné des techniques sécuritaires pour le canotage en eaux vives. J'ai dû quitter le groupe après huit jours de navigation, pour le revoir seulement à son arrivée sur l'île de Montréal le 14 août. Plusieurs membres de la CVX sont venus saluer les canoteurs à la Villa Saint-Martin. La dernière étape était le sanctuaire de Sainte-Kateri-Tekakwita à Kanawake.

Le mode de vie rudimentaire et l'effort physique partagés ont rapidement créé des liens entre les participants. Nous étions littéralement embarqués dans le même bateau (!) et c'est l'effort conjugué de tous qui nous faisait avancer. Nous comptions les uns sur les autres, sans égard à leur origine, leur âge ou leur statut. Je n'ai entendu personne se plaindre des conditions pourtant spartiates. Un joyeux climat d'entraide régnait, même dans les moments plus difficiles.

Je suis reconnaissante d'avoir participé à ce pèlerinage et d'avoir ainsi appris à connaître toutes ces personnes qui ont donné le meilleur d'elles-mêmes pour la réussite du projet. Personnellement, je ne pense pas avoir été d'une grande aide, mais je me suis sentie à ma place en tant que membre de la CVX, aux côtés de jésuites, de membres des Premières Nations, et d'autres citoyens canadiens. Ensemble, nous avons éclairé un aspect sombre de notre Histoire et cherché un chemin de guérison.

Mon estime et ma gratitude vont à Erik Sorensen s.j. et à toute l'équipe dont il a su s'entourer.

Marie-Gabrielle, le 30 novembre 2017

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