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Brice Armel Simeu

About Us

CVX communauté compagnes et compagnons de l’Esprit, Montréal

Délégué pour le Canada Français à la rencontre mondiale 2021 des jeunes CVX à Loyola, Espagne.

En ligne du 28 au 31 juillet 2021

Mon retour d’expérience

La citation suivante est parmi les messages qui ont particulièrement saisi mon attention et toute ma relecture de cette expérience de communion et d’enrichissement collectif à cœur ouvert avec l’Esprit de Dieu.

 

“You young people, are the main protagonists of the change of era that we all talk about, although we live it without understanding and do not even imagine its magnitude. You young people, have been born and have lived during a change of time that is leading to important anthropological changes.”

 

Extrait du message du P. Arturo Sosa, Supérieur Général des Jésuites, à l’occasion de la rencontre mondiale des jeunes CVX 2021.

 

Du 28 au 31 juillet 2021 j’ai pris part à la rencontre mondiale des jeunes CVX depuis Loyola en Espagne. Un moment d’action de grâce, de communion fraternelle dans le désir du partage et de l’écoute mutuelle. Avec ma consœur Bénédicte Kaptue de Québec, j’avais été envoyé pour représenter le Canada français. Je veux remercier toute la CVX du Canada français pour l’ouverture et l’élan de cœur qui a conduit à notre envoi en mission à cette rencontre qui fût un moment d’enrichissement et surtout de croissance collective. Pour nous préparer à cette rencontre au format inédit (en ligne) compte tenu de la pandémie de Covid 19, nous avons créé un groupe d’échange et de discussions via le réseau social WhatsApp avec nos consœurs CVX du Canada Anglais, Whitney Nagasan et Claudia Barrero. La rencontre avec les jeunes CVX du Canada anglais était pour moi personnellement source d’une grande consolation. L’assiduité dans l’écoute que nous avions mutuellement les uns pour les autres dans nos échanges, me faisaient percevoir comment le charisme CVX est un marqueur de nos identités et de nos rapports aux autres. Je remercie encore Whitney pour sa joie et son attention, et je remercie Claudia qui malgré ses engagements de famille profitait autant que possible de nos moments d’échanges. Pour préparer notre rencontre mondiale le secrétariat exécutif mondial nous avait demandé de préparer deux questions au plus à poser au Supérieur Général des Jésuites, le P. Arturo Sosa. Pour y parvenir nous avons fait une relecture personnelle de comment nous avions traversé la pandémie et à quels enjeux saillants notre expérience personnelle de la vie de foi se confrontait.  L’écoute mutuelle attentive qui marquait nos rencontres nous fit percevoir la question de l’identité comme un point particulièrement important pour nous jeunes CVX du temps présent. Comment nous définir dans un monde où nous sommes confrontés au quotidien à des enjeux identitaires et comment accueillir la pluralité : race, religion, sexualité, genre, origine, culture, classe sociale ? A quoi renvoi mon identité de chrétien CVX aujourd’hui ? Est-ce  une simple « couche » qui vient se superposer aux éléments qui font mon identité ?  Y a-t-il une identité CVX universelle ou plurielle ?

Le second sujet de nos échanges portait sur notre vécu quotidien du discernement comme un marqueur de notre vie sociale, et notamment la richesse de la relecture de la journée qui permet de contempler la présence agissante de Dieu dans notre vie. Nous avons mutuellement partagé le fait que le discernement était l’un des enjeux majeurs de notre vie quotidienne, mais aussi un don de l’Esprit Saint qu’il faut recevoir et le laisser nous enrichir. L’exercice régulier du discernement et le trésor que nous offre la spiritualité ignatienne constitue un réel enjeu de vie sociale pour nous jeunes CVX. En nous exprimant chacun sur ces questions, nous avons à travers un google docs collectivement formulé les questions suivantes à l’endroit de l’Assistant Ecclésiastique Mondial :

  1. What kind of identity can we assume today as young christians in our current society?

 

Réponse du P. Arturo (Que j’ai traduite de ses déclarations en anglais) : S’ouvrir à la pluralité implique la volonté d’embrasser ce qui est différent comme quelque chose qui enrichit l’expérience personnelle ou de groupe; qui offre des alternatives aux chemins d’existences dans lequel la vie se développe. Cela n’arrive pas naturellement, il faut une décision consciente, et en langage ignatien cela suppose « un choix », une « élection »; s’ouvrir à la pluralité est toujours un enjeu complexe. Il faudrait aborder le monde des affections et de la sexualité avec paix, liberté et sérénité. Embrasser la pluralité et approcher ce qui est différent avec sérénité est une part de l’expérience de Dieu dans lequel le christianisme et la spiritualité ignatienne sont fondés. Accepter la pluralité c’est suivre l’exemple de Jésus qui nous rejoint tous dans notre réalité propre sans nous juger. Embrasser la pluralité requiert le discernement des esprits. La spiritualité ignatienne nous enseigne comment recevoir la diversité selon l’Esprit. Dans la diversité il y a des possibilités de vie mais aussi de mort. Entrer dans la diversité requiert le développement du discernement des chemins de Dieu et ceux du Diable. S’enrichir avec une diversité discernée, et embrasser la pluralité est un long processus et requiert pour cela l’accompagnement.

Pour le P. Arturo, les traits caractéristiques d’une jeune personne qui s’identifie comme membre de la CVX sont fondamentalement au nombre de trois :

  • En premier, la liberté intérieure qui se réalise par le détachement des attachements désordonnés. En effet, par un processus croissant, nous pouvons nous attacher à des personnes, des lieux, des façons de faire, à nos rêves au sujet du futur. Ces attachements peuvent devenir des obstacles pour suivre Jésus et choisir le meilleur de ce qui permet de demeurer son disciple et d’être envoyé par lui comme son apôtre. La liberté intérieure permet le discernement des esprits et d’écouter les appels spécifiques du Seigneur et choisir de les suivre.

  • La vie dans l’Esprit est la condition sans laquelle il est impossible de vivre la liberté intérieure. Car la liberté intérieure est une grâce que nous recevons du Seigneur qui veut communiquer avec nous et nous partager sa présence. La vie dans l’Esprit se nourrit de la prière à travers laquelle se réalise notre familiarité avec Dieu et nous permet de le trouver en toute chose. L’écoute et spécialement la contemplation de la parole de Dieu est la source principale d’une vie spirituelle fructueuse. La contemplation des évangiles est une source privilégiée de prière, pour assimiler le style de Jésus et sa relation avec le Père et l’Esprit Saint.

  • La vie communautaire est le troisième trait caractéristique auquel je veux faire référence. Jésus nous appelle comme chacun de ses apôtres par le nom « être avec lui ». Pour garantir « d’être avec lui » il nous a laissé la prière quotidienne et l’Eucharistie qui est la table où on partage ensemble le corps et le sang du Seigneur. L’Eucharistie est la source de la communion de ceux et celles qui professe la foi chrétienne. La communauté assure aussi l’accompagnement nécessaire pour grandir dans le cheminement avec le Seigneur. La communion avec le Seigneur produit la communion entre les membres de la communauté qui deviennent des frères et sœurs qui s’accompagnent mutuellement.

 

  1. How can we integrate the daily examen throughout our day-to-day activities, to increase our ability to discern, and achieve a state of constant contemplation of our surroundings?

Réponse du P. Arturo (Que j’ai traduite de ses déclarations en anglais) : Il faut saisir les avantages de l’examen de conscience comme un instrument de croissance spirituelle. La relecture est l’une des propositions originales et essentielles de la spiritualité ignatienne. C’est l’instrument qui aide à reconnaitre la présence de Dieu dans l’histoire et dans nos vies. A travers la relecture nous réaffirmons constamment le choix que nous avons fait pour ne pas dévier du chemin tracé. Nous ne devons pas nous laisser dupé par le monde. Ignace propose l’examen de conscience comme un chemin de reconnaissance et d’action de grâce pour la présence de Dieu dans l’histoire humaine et dans la vie des gens afin d’apprécier son amour, sa proximité, sa volonté de nous tenir la main. La relecture permet de rafraîchir notre vue et nous permet de percevoir avec une grande clarté l’action de Dieu dans l’histoire humaine, dans la vie du groupe ou dans notre propre vie. La relecture permet de s’apercevoir si on demeure sur le chemin tracé ou si on s’en écarte. C’est toujours un chemin pour grandir dans la familiarité avec Dieu.

Notre joie a été grande d’apprendre que nos questions avaient été celles choisies par le P. Arturo Sosa qui y a spécifiquement répondu dans son message aux délégués de la rencontre mondiale. Le P. Arturo en insistant sur le travail de l’Esprit dans nos rencontres a souligné l’importance d’une prise de conscience de la place sociale de jeunes, invitant à percevoir les signes des temps. « Les jeunes sont des personnes qui sont toujours en mouvement, en quête parfois des personnes capables de les écouter et de les aimer. Les jeunes ont une place théologique importante ». Il nous a invité à entrer dans une « life attitude » et à faire des choix qui soient fondés sur la conviction intime qu’un monde meilleur fondée sur la dignité humaine est possible, et ne pas céder à la résignation. Les jeunes ont besoin d’entrer en relation, de se mettre ensemble pour faire partir de quelque chose de grand au-delà de leurs familles et communautés de vies a-t-il déclaré. S’adressant à nous les délégués le P. Arturo a dit cette phrase qui est pour moi une perle pour la relève CVX :

« There is in you the seed of community that can be made fruitful by the inspiration of the christian faith ».

Le père Sosa a répondu aussi à quelques questions posées par les jeunes à l’occasion de la rencontre mondiale notamment sur comment faire face à la pauvreté et à la précarité qui frappent de nombreux jeunes, les poussant sur les chemins des migrations. Comment dans ces situations de crises sociales peut-on être sel de la terre et lumière du monde ? Répondant à cette question, la père Arturo a réaffirmé que : Dieu n’est pas silencieux, au contraire il crie : dans les souffrances de ceux et celles qui n’ont pas accès aux soins de santé adéquats; dans les migrants qui sont rejetés de partout, dans ceux et celles qui ont perdus leurs emplois, ou les revenues qui soutiennent leurs familles. Le Seigneur s’est révélé à nous comme Dieu parmi nous… Les jeunes doivent résolument s’engager avec conviction pour changer ces structures injustes qui pèsent sur l’humanité et produisent tant de pauvreté et d’obstacles à une vie digne pour une majorité de gens.

Sans aucun doute plusieurs partages, témoignages, échanges, m’auront marqué et enrichi lors de la rencontre mondiale des jeunes CVX 2021. En parler me prendrait bien plus de pages malgré mes efforts de synthèse.

Pour dire quelques mots sur nos travaux en atelier.

Pendant trois jours dans mon sous-groupe francophone avec Jean louis (Belgique), Denis (Belgique), Christine (Madagascar), Vanessa et Joel (Rwanda, j’espère ne pas me tromper sur leur prénoms), nous avons eu des moments lumineux de partage, sur nos engagements comme CVX, sur notre vie personnelle et communautaire; et sur les enjeux auxquels nous sommes confrontés dans les milieux dans lesquels nous vivons, mais aussi notre regard sur la CVX et son rapport à la jeunesse aujourd’hui. Il s’est dégagé le constat collectif du besoin d’un espace permanent de réseautage pour permettre aux jeunes CVX du monde de mieux se rencontrer, se connaître, et de prendre part de manière plus active à la vie de la CVX mondiale. La nécessité d’une meilleure écoute, participation et prise en compte spécifique de la voix des jeunes dans les lieux de présence et d’activité de la CVX mondiale. La nécessité de construire et rendre vivant des réseaux de jeunes CVX à l’échelle mondiale pour que le partage de leurs expériences nourrisse les réflexions apostoliques de la CVX.  Le P. Rodriguez Olaizola, nous a aussi fait une belle présentation sur la différence entre un touriste et un pèlerin en s’inspirant de l’itinéraire de Saint Ignace de Loyola et de sa propre expérience. J’ai retenu de ce partage que le touriste ne connaît pas réellement le pays qu’il visite, parce qu’il est juste de passage et il ne va pas en profondeur de ses découvertes. Le pèlerin par définition prend juste ce dont il a besoin, sans anticiper où il va dormir, ce qu’il va manger ou combien le voyage mettra. Le pèlerin n’évite pas les difficultés mais y fait face. Le pèlerin va en profondeur de son voyage.  Ignace a connu beaucoup de défaites dans sa vie et a été abandonné par ses compagnons des débuts de son expérience à Barcelone. Mais dans son pèlerinage il cherchait toujours la volonté de Dieu dans ses épreuves. Nous n’avons pas besoin d’être superficiel, il nous fait nécessairement aller en profondeur car le pèlerin n’est jamais seul. D’autres témoignages tout aussi enrichissants nous ont été partagés comme celui de Bianca une jeune CVX engagée dans les urgences hospitalières en Espagne pendant la première vague particulièrement meurtrière de la pandémie de la COVID-19. Un partage plein d’émotion et d’humanité qui m’a fait goûter plus en profondeur ces mots de Jésus : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » Jn15,5.

Pour résumer en quelques mots cette belle expérience de la rencontre mondiale des jeunes CVX 2021 : La confiance enracinée dans le Seigneur vainc tout.

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